Etude d’impact socio-économique de la Covid-19 au sénégal
En décembre 2019, un nouveau cas de virus, apparu en Chine, est rapidement devenu une pandémie mondiale. Le Sénégal, comme les autres pays africains, qui semblait épargnée par la pandémie, compte désormais un nombre non négligeable de cas. Par conséquent, la crise a conduit à la révision des prévisions du mois d’avril 2020 qui tablent sur un taux de croissance de 2,8% contre 6,8% initialement, soit une perte de 4 points de pourcentage. Cette situation a
de nombreuses conséquences, tant sur les agrégats macroéconomiques que sur les indicateurs sociaux et l’atteinte des Objectifs de Développement durable (ODD). Fort de ce constat, cette étude cherche, d’une part, à évaluer les impacts de la Covid-19 sur les perspectives de croissance et l’atteinte des ODD et, d’autre part, proposer des mesures de politiques économiques et sociales pour atténuer le choc et renforcer la résilience de l’économie et des
populations. A cet effet, deux scénarios sont envisagés : un scénario « choc Covid-19 », qui présente les effets négatifs de la pandémie en l’absence de mesures de riposte ; et un scénario « riposte » qui suppose la mise en œuvre effective du Programme de Résilience économique et social (PRES).
D’après les résultats de l’étude, la crise sanitaire occasionnerait une perte de 7,1 et 5,04 points de pourcentage de croissance du PIB respectivement pour les scénarios « choc covid-19 » et « riposte ». Dans le scénario choc, les conséquences sont importantes sur la consommation et l’investissement privé avec des baisses de l’ordre 4,64 % et 7,73 %. Ces pertes engendreraient des effets néfastes sur les objectifs de développement durables (ODD) relatives à la pauvreté, la faim, les inégalités, la croissance économique. Cependant, la mise en œuvre du programme
de résilience contribuerait à amortir les impacts négatifs de cette crise sanitaire avec un gain de croissance économique de 2,06 points de pourcentage par rapport au scénario sans riposte. La consommation des ménages connaitrait une baisse atténuée de l’ordre de 3,66% et l’investissement privé (6,51%). La progression initiale du taux de pauvreté dans le scénario choc est ralentie avec la riposte (2,86 points de pourcentage de hausse contre 4,81), avec une atténuation de presque 50% du choc Covid-19 sur la réalisation de l’ODD 1. En ce qui concerne l’ODD 10, les transferts ciblés de l’Etat (à destination des plus pauvres) feraient que le taux de croissance du revenu des 40% les plus pauvres ne baisserait, dès lors, que de 3,9 points de pourcentage en 2020, soit la moitié de ce qui était attendu dans une situation de choc (7,8).
Toutefois, cette réponse semble insuffisante dans la mesure où le choc causé par la pandémie n’est pas complétement résorbé par les mesures du PRES, d’où la pertinence de mettre en place une politique de relance à moyen terme avec les orientations ci- dessous :
– renforcer les mesures de soutien aux ménages et aux entreprises qui ont de fort impact sur la réalisation des objectifs de croissance économique, d’industrialisation, de réduction de la pauvreté et des inégalités de revenus (ODD 1, 8, 10) ;
– mettre en place un plan de relance économique et sociale à moyen terme pour consolider les acquis du PRES en vue de renouer avec la trajectoire économique initiale du pays ;
– renforcer les investissements dans le secteur de la santé pour relever les plateaux techniques médicaux, les ressources humaines afin de renforcer la résilience du pays face aux crises sanitaires récurrentes.
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